Je suis musicologue et animatrice spécialisée. Je propose des ateliers d’expression au travers de différents outils techniques dont, notamment, la musique auprès de personnes rencontrant des
difficultés, qu’elles soient sociales, physiques ou d’ordre psychologique. Ainsi, je travaille auprès de personnes de tous âges, enfants, adolescents, adultes et personnes âgées. Les pathologies, les situations de handicaps ou situations de difficulté que vivent ces personnes sont multiples : Alzheimer, polyhandicap, déficiences intellectuelles ou motrices, ruptures sociales, etc. Sur le terrain, je collabore au travers de projets éducatifs, pédagogiques, thérapeutiques portés par les professionnels de l’accompagnement (Assistants médico psychologique, Accompagnants éducatif et social, Aides-soignants, Psychologues, Éducateurs spécialisés, etc.). J’interviens aussi en centre de formation en travail social auprès des étudiants et en lien avec les formateurs (1). Je souhaite témoigner de ma pratique afin de montrer comment la musique accompagne non seulement la vie, mais aussi l’accompagnement en soi.

Qui accompagne ?
Quel que soit le professionnel qui utilise l’outil musique (soignant, psychologue, musicien, artiste, animateur ou intervenant professionnel), il fera appel à sa fonction « animante ». La seule contrainte de l’intervention musicale est qu’il faut absolument maîtriser l’outil technique qu’est la musique. Pourquoi ? Parce que la première compétence essentielle sera la capacité à adapter les contenus de l’atelier pour ne pas mettre en échec, voire en danger la personne accompagnée.
Qui peut proposer un « atelier musique »? La base de l’atelier sera l’utilisation de la médiation sonore ou musicale pour entrer en communication et en relation avec les personnes participantes. Par exemple, dans un atelier chant, les personnes qui viennent participer à mon atelier ne sont pas forcément en capacité de chanter. Peu importe puisque moi, je suis en capacité de le faire, et ma production sonore provoquera de toute façon une réaction donc un chemin vers la relation. Il en est de même pour un atelier instrumental.
Les objectifs généraux de ce type d’atelier sont de favoriser l’expression des personnes, de mobiliser leurs facultés cognitives et leurs compétences créatives. Une fois, la relation mise en place et la confiance instaurée, l’animateur pourra commencer à susciter des réactions « sonores » chez la personne. À cet effet, les choix des contenus auront été prévus en fonction des centres d’intérêt et de la culture musicale de la personne. Les informations nécessaires auront demandé un questionnement préalable auprès de la personne elle-même, de la famille et des amis, de l’équipe, ou auront été découvertes lors des séances précédentes.
Une des nécessités de ce type d’atelier sera de créer les conditions d’un processus d’évolution, de changement, de développement. Ce point ne peut se faire que sur du moyen ou long terme en fonction des potentiels de la personne, et les évolutions ou progressions attendues ne se mesureront pas en termes de notions musicales, mais le plus souvent en termes de comportement, relation, échanges, etc.
C’est pourquoi la maîtrise de l’outil « musique » est importante, car comment peut-on adapter, si on ne connaît pas ? Une musique trop forte, ou rappelant des souvenirs douloureux, un instrument avec une résonnance spécifique, peuvent provoquer des réactions non souhaitées ou des troubles du comportement… À cette maîtrise technique nécessaire, devra se superposer une connaissance des problématiques liées à la personne accompagnée (pathologie, situation de handicap, autonomie, dépendance, capacités, incapacités, troubles du comportement, démences, agressivité et/ou violence potentielles, etc.) ceci afin de répondre aux besoins de la personne et de rester dans un accompagnement valorisant et épanouissant.

Cet article est paru en mars 2018 dans le n°63 du magazine « Le Sociographe » 

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